Meilleur-GF.com a échangé avec Georges Henri Florentin, Président de France Bois 2024, projet autour de la filière bois en France. Un échange pour mettre en lumière la mission de France Bois 2020 et en savoir davantage sur ce grand projet de la filière bois-forêt.
France Bois 2024 : une chance pour la filière bois de révéler ses compétences
Retrouvez ci-dessous la retranscription de l’interview de Georges Henri Florentin pour France Bois 2024
Au sein de Meilleur-GF, il est important pour nous de montrer tous les intervenants autour de la filière bois. Nous savons qu’en France, nous avons une filière bois qui est dynamique. Mais quelle est la mission de France Bois 2024 ? Est-ce que vous pouvez nous la préciser ?
Bien volontiers ! France Bois 2024 est en fait le groupe projet de notre filière. Vous savez, cette grande filière bois-forêt qui a des emplois qui existent actuellement et qui vont se développer, qui participent largement à l’économie nationale. Et cette filière a un comité stratégique de filière qui a eu quatre projets structurants, dont celui de faire des jeux olympiques, un laboratoire préparant le futur du développement de la construction et une remarquable réalisation avec du bois. Donc, nous avons été constitués, en fait, pour réaliser cette mission.
Cela a l’air d’être intéressant cette logique de laboratoire. Mais pourquoi est-ce que c’est intéressant de construire en bois ? Est-ce qu’il y a un intérêt ?
Il y a l’intérêt global économique de notre pays en termes d’environ 400 000 emplois. Une filière qui, en chiffre d’affaires, approche celle de la construction automobile. Mais, c’est surtout un élément important par rapport aux questions que nous nous posons en matière de climat, en matière de gaz à effet de serre. Vous savez que la forêt est le formidable outil qui capte le gaz carbonique de l’atmosphère, le transforme en matériaux, sans pour autant prélever sur les ressources de la planète. Nous n’avons pas besoin – je suis forestier à la base – d’engraisser nos forêts. Et dans la transformation de ce magnifique matériau, nous n’avons pas besoin de beaucoup d’énergies.
L’empreinte carbone de ce matériau est très inférieure à l’ensemble des matériaux de construction. Et d’autre part, cette empreinte carbone se trouve encore augmentée en termes de bénéfice pour nous, dans la mesure où nous stockons le gaz carbonique qui est l’un des gaz à effet de serre. Quelque part, stocker le bois et nous le stock pendant 800 ans, même s’il y a des accidents dans la cathédrale « Notre-Dame de Paris », cela nous permet de diminuer l’effet de serre et de faciliter la décarbonatation de notre économie. C’est donc l’un des enjeux. Par ailleurs, il se trouve qu’habiter dans du bois, c’est quand même très agréable. Et nous, concitoyens, comme les citoyens du monde, sommes très demandeurs de ce matériau pour le cadre de vie.
Nous sentons que c’est vraiment un matériau noble, un matériau vert, quelque part, une pépite. Vous travaillez dans ce projet assez formidable pour l’économie française et des Jeux Olympiques 2024. Vous travaillez également sur ce projet du village olympique. Est-ce que vous pouvez nous rappeler rapidement les caractéristiques du projet du village olympique 2024 ?
Le village olympique est un formidable révélateur médiatique de ce que nous pouvons faire en construction. Ce n’est pas le seul équipement et ce n’est pas le seul bâtiment des Jeux Olympiques ; mais lui-même va accueillir 15 600 athlètes classiques, mais aussi athlètes paralympiques immédiatement après. Il y aura 300 000 m² de construction.
Les Jeux Olympiques de Paris doivent être « bas carbone ». Donc, Paris bénéficie de tout un tas de bâtiments, de tout un tas d’équipements. Donc, il devrait être peu consommateur. Mais il va y avoir des équipements et des bâtiments neufs. C’est une véritable opportunité pour la filière d’avoir un démonstrateur et de montrer, car tel est notre objectif, que nous sommes capables de faire mieux que le monde d’avant.
Ils ont la construction de 2018 et 2019 dans lequel, vous savez, le bois a peu de part de marché, et un maximum aux alentours de 10 %. Notre objectif est de dépasser cette quantité – et nous la dépasserons – et de le dépasser avec du bois provenant de nos forêts, avec du bois français. C’est l’un de nos objectifs.
Vous êtes avec votre bâton pèlerin pour montrer que c’est possible de construire différemment, de construire avec du bois, de changer les mentalités. Être dans la pédagogie que ce matériau noble, il a une réelle utilité, une utilité environnementale, une utilité économique. Est-ce que vous avez une dernière bonne nouvelle à nous partager Georges Henri ?
Cela doit être plusieurs bonnes nouvelles, parce que nous nous battons tous les jours avec l’équipe pour la réussite de ce projet. Mais, d’ores et déjà, nous savons qu’un certain nombre de réalisations vont être avec du bois. C’est le cas de ce que l’on appelle « un aréna », qui est une grande salle qui va se tenir dans Paris et qui sera avec du bois. C’est le cas de la piscine olympique, dont toute la structure sera en lamellé-collé en ossature bois sur 1,2 hectare, capable d’accueillir 6 000 spectateurs. C’est le cas aussi d’un bâtiment qui sera éphémère, comme l’a été la tour Eiffel. Il ne durera peut-être pas, il n’aura probablement pas la durée de vie de la tour Eiffel. Il sera en plein cœur de Paris, au Champ de Mars du côté de l’École militaire, sous la forme d’une grande croix dans toute la structure sera en bois.
Donc, d’ores et déjà, il y a des réalisations qui sont signées et qui vont être avec beaucoup de bois. Et pour nous, la bonne nouvelle, c’est que nous travaillons pour l’héritage. En 2025, les jeux seront terminés. Ce qu’il faut, c’est laisser à notre pays et à la filière bois, des éléments qui vont lui permettre de continuer ce développement, d’atteindre les 20 % à 25 %, peut-être, de parts de marché dans la construction. Et puisque nous venons de vivre cette pandémie et cette difficulté avec le SARS-CoV-2, nous travaillons actuellement d’arrache-pied sur un système de traçabilité pour les produits de notre filière. Cela permettra de montrer que les bois proviennent de forêts gérées durablement avec les partenaires que sont le PEFC1 et le FSC2 ; de montrer aussi qu’une partie des bois dans la construction proviendront de forêts françaises et d’entreprises françaises avec « bois de France ». Et donc, nous avons constitué cette équipe de France du bois dans la construction qui léguera pour les années futures : un pays qui sera plus dé-carboné et des constructions qui sont plus agréables à habiter.
1 Label Programme for the Endorsment of Forest Certification Schemes
2 Label Forest Stewardship Council
C’est le mot de la fin : faire en sorte qu’il y ait une dynamique forte pour les générations futures. Merci beaucoup Georges Henri Florentin, Président de France Bois 2024. Nous referons un point prochainement avec vous, parce que 2024, il y a encore quelque temps avant d’y arriver, c’est un univers passionnant. Nos investisseurs sont intéressés pour comprendre comment fonctionne toute cette filière bois. C’est plus de 400 000 emplois en France, avec une grande dynamique, un grand vivier d’emplois dans le futur. Et c’est important d’être optimiste. Merci infiniment pour cet échange. Nous vous disons à très bientôt sur MeilleurGF.com.
Merci beaucoup et bon courage à ceux qui sont avec vous. Et bonne chance à nos bois, à nos forêts et à nos entreprises.
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